Depuis toujours, on nous dit que « seule la vérité compte ! » Bien bel adage mais, au quotidien, l’honnêteté triomphe-t-elle ? Sommes-nous tous honnêtes ? Nous aimerions l’être, pourtant par moments le commun des mortels fait souvent de petits arrangements avec la vérité dans sa vie privée ou professionnelle. Focus sur les pratiques de certaines marques et autres influenceurs à la consommation.

L’amnésie malhonnête, vous connaissez ?

Comme ça, la réponse sera non et, tout de suite, vous êtes malhonnêtes car nous l’appliquons tous à notre insu ! L’amnésie malhonnête, plus scientifiquement appelée « l’unethical amnesia », est un phénomène psychologique qui nous permet de conserver une bonne image morale de nous-mêmes. Une étude menée par deux chercheuses de l’Université de Northwestern d’Harvard (USA), Maryam Kouchaki et Francesca Gino, met en évidence ce mécanisme qui nous permet d’oublier très vite les petits arrangements que nous faisons avec la vérité. Là, nous parlons de petits mensonges inoffensifs, entendons-nous bien. Notre cerveau ne mémorise pas ce qu’il considère comme malhonnête et, du coup, il diminue le sentiment négatif qui pourrait en découler. L’oubli joue son rôle et éloigne les sentiments de honte que nous pourrions éprouver si nous retenions toutes nos malhonnêtetés.

Photoshop, le logiciel de la malhonnêteté

Si notre cerveau nous permet d’évacuer nos petits mensonges, au quotidien, nous sommes assommés par les apparences et le paraître. Et qui dit paraître, dit bien souvent arrangements esthétiques. Les champions ? Les marques ! Qui n’a jamais été déçu en commandant ou en essayant un vêtement qui, sur papier tombe parfaitement, mais pour lequel, une fois sur soi, « ce n’est pas tout à fait ça »… On le sait, Photoshop passe obligatoirement par là. Donner l’illusion du « parfait » pousse à la vente. Mais encore faut-il ne pas en abuser. En 2014, une étude (Prix académique de la Recherche en Management) menée par Adilson Borges de la Neoma Business School (France), a mis en évidence les méfaits de ces retouches commerciales, notamment sur l’image que les jeunes-filles ont d’elles-mêmes. Toujours plus minces, toujours plus lisses, toujours plus standardisées, mais ce qu’elles exposent n’existe pas dans la vraie vie. Et ce n’est pas tout ! Cette étude nous montre aussi que, inconsciemment, nous accepterions de payer jusqu’à 20 % de plus un produit esthétiquement bien présenté.

Depuis, face à certaines dérives, le « Décret Photoshop » est entré en vigueur en France le 1 octobre 2017. Celui-ci stipule que la mention « photographie retouchée » doit clairement apparaître sous toutes les images publiées à des fins commercialises et ce, chaque fois que c’est nécessaire. Ceci participe du souci d’honnêteté et de transparence du produit vendu. Aussi, cette mention permet d’indiquer explicitement au public que l’apparence du mannequin a été modifiée, affinée, et que la cellulite, les points-noirs et autres boutons ont été totalement effacés. En d’autres mots, il s’agit d’être honnête et « transparent » avec le consommateur en lui indiquant que « mon produit semble parfait mais attention, il est retouché. En vrai, il ne sera peut-être pas pareil ! ». Malheureusement, en 2018, un an après l’entrée en vigueur du décret, plusieurs observateurs ont constaté que très peu de marques apposaient cette mention pourtant « obligatoire ».

Une mention « photo retouchée » aussi pour les personnalités publiques ?

On se rappelle tous des petites poignées d’amour de Nicolas Sarkozy, en train de faire de la barque, subtilement gommées par « Paris-Match » en 2007. Mais saviez-vous qu’une des personnalités politiques les plus retouchées est le Président par intérim du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev ? En effet, l’homme d’État fait rire et sourire avec ses photos officielles. Selon une enquête menée par des journalistes des sites indépendants RadioFreeEurope et RadioLiberty, le service de communication de la présidence kazakh abuserait (juste un peu) des retouches Photoshop. Les journalistes ont comparé les photos prisent par les photojournalistes aux photos officielles. Au revoir double menton, rides et autres imperfections… un vrai visage ridiculement juvénile. Notons juste, pour la précision, que Monsieur Kassym-Jomart Tokaïev est âgé de 66 ans. Et comme dirait Alain Souchon : « j’ai dix ans, je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans. »

MGVS

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