Le Lab. Magazine a eu le plaisir de participer aux Francofolies de Spa. La ville thermale avait mis les petits gobelets dans les grands pour cette 25ème édition. En apothéose du samedi soir, un habitué des Francos : Patrick Bruel. Une histoire d’amour entre Spa et l’artiste qui dure et perdure !
« Il y a une vraie jolie histoire déjà entre la Belgique et moi. Mais ici, aux Francofolies, ça fait 5 fois. Pour un anniversaire, c’est flatteur d’être encore convié. (…) Quand on monte une tournée, il y a des rendez-vous qui sont incontournables et qu’on espère faire, bien sûr. Je sais qu’à priori, quand on prépare une tournée, Spa va apparaître dans le calendrier. »
Une conférence de presse a été donnée dans l’après-midi. Le Lab. Magazine y était et a pu interviewer le chanteur ! Plusieurs sujets ont été abordés durant cette rencontre avec ces quelques journalistes privilégiés : parcours professionnel, rapport avec la jeune génération, attaques terroristes et même huile d’olives et apiculture !
Jeune génération
Patrick Bruel a toujours travaillé en étroite collaboration avec de jeunes talents. Mais il ne se pose pas la question. Ce qui compte, c’est le talent, jeune ou confirmé, peu importe. Sur ce dernier album Ce soir on sort, il y a deux titres écrits par Pierre Lapointe. « Pierre Lapointe n’est pas, pour moi, un débutant. C’est un artiste absolument exceptionnel. Il est numéro 1 au Québec depuis des années. Je connais son travail depuis toujours. J’ai été le voir en concert, je l’ai rencontré en tournée car mon frère, David-François Moreau, a réalisé, produit et arrangé son dernier album et son dernier spectacle. J’ai été très flatté qu’il accepte de travailler avec moi. Il m’a offert deux chansons absolument sublimes. Si le fait que je puisse interpréter ses chansons permet à des gens de découvrir Pierre Lapointe, je suis flatté de cette forme de transmission. »
New-York, le point de départ
Très jeune, Patrick Bruel a assisté à de nombreux concerts. C’est ce qui lui a donné l’envie de faire ce métier. Mais, sans doute, le véritable point de départ est à New-York. « Il y a la rencontre la plus importante, je pense, j’avais 20 ans. C’est New-York. C’est d’arriver à New-York, de rencontrer cette ville, cette énergie, cette espèce de everything is possible au-dessus de nous. C’est de se dire que j’ai envie d’avancer et de m’en donner les moyens. J’ai l’impression que cette énergie va me pousser dans le dos très longtemps. Là-bas, j’ai rencontré une personne très importante pour moi : Gérard Presgurvic, avec qui je vais faire plein de chansons. »
Ce soir on sort …
Lors de la conférence de presse, Le Lab. Magazine a eu l’occasion de poser sa question à l’artiste. Nous avons voulu revenir avec lui sur le magnifique texte de Ce soir on sort, chanson qui fait écho aux attentats du 13 novembre 2015. « Entre le moment où je l’écris et le moment où je la chante, il s’est passé d’autres événements dont le 22 mars. J’enregistre la chanson comme une évidence. On ne sort pas un album en passant outre les grands événements qui ont marqué les années qui nous séparent du précédent.»
Cette chanson, empreinte d’optimisme, se transforme doucement en une Marseillaise fredonnée et murmurée. L’idée est née naturellement lors d’un concert où le chanteur a improvisé avec son pianiste et le public.
« À un moment, je me suis mis à murmurer la Marseillaise, tout doucement, et le public l’a entonné avec moi. Puis, il a continué à la murmurer de manière extrêmement digne, extrêmement belle. J’ai hésité à la coller à la chanson pour l’album et, au fond, je n’ai pas hésité longtemps. Je me suis dit que c’était beau. C’est une manière aussi de se réapproprier l’hymne nationale qui, pendant longtemps, a été l’apanage d’un mouvement d’extrême droite. »
Une vraie proximité avec le public !
Depuis le début de sa carrière, une véritable histoire d’amour s’est tissée entre Patrick Bruel et son public. Cette relation est caractérisée par deux notions importantes : sincérité et proximité. « Je pense que l’intimité n’est pas liée à la grandeur d’une salle. Il y a des gens qui sont très éloignés de l’artiste alors qu’ils sont dans une salle de 1000 places. Et puis, il y a des artistes qui font des stades et où on a l’impression d’une proximité d’appartement. » Le point fort de cette nouvelle tournée est l’adhésion du public ainsi qu’un certain renouvellement générationnel. Dans les salles, les 15-30 ans se mélangent à un public déjà présent il y a 20 ans. Mais il y a un point que Patrick Bruel aime souligner : c’est l’arrivée de la gente masculine. « D’habitude, ils venaient pour accompagner leurs copines ou les surveiller. Maintenant, ils viennent à 4 ou 5, en bande. Ils sont là, le poing levé et ils chantent. C’est vrai que la proposition musicale est très pop, pop-rock, très rock, voire parfois un peu hip-hop, avec un propos assez universel. Moi, je n’en suis pas étonné, mais j’en suis évidemment très touché. »
L’huile d’olive et les abeilles
On connaissait déjà Patrick Bruel chanteur, auteur, comédien et aujourd’hui, on découvre le producteur d’huile d’olive ! Une belle histoire qui a débuté il y a quelques années, lors de l’achat d’une maison à l’Île sur Sorgue, en Provence. Au départ, il y avait une trentaine d’oliviers sur le terrain. Aujourd’hui, il y en a plus de 3000. Entouré d’une équipe locale, composées de personnes passionnées, l’H de Léos est devenue une huile d’olive d’excellence, récompensée par de nombreux prix dont la médaille d’or 2019 du concours agricole à Paris. Mais ce n’est pas tout ! Le 14 mai dernier, Patrick Bruel fêtait son 60ème anniversaire à Forest National, à Bruxelles. À la fin du concert, il a reçu un cadeau pas comme les autres… « J’ai eu un petit paquet dans lequel il y avait une petite ruche. En fait, le cadeau était 14 ruches qui m’attendaient dans la propriété. Maintenant, nous avons donc des abeilles, qui sont le symbole de la vie. Elles sont peut-être la chose la plus importante à considérer aujourd’hui. Ça peut faire partie d’un processus de prise de conscience de l’état de notre planète. Passer par les abeilles pour expliquer aux enfants, c’est une jolie mission dont je suis très fier. »
Pour finir cette rencontre, nous avons demandé à Patrick ce qu’il dirait à l’enfant de 15 ans qu’il était s’il devait le croiser aujourd’hui. Il nous a répondu : « Je pense qu’on se prendrait dans les bras et qu’il me dirait : « Chapeau ! Tu n’as pas trahi. Tu n’as pas trahi la route et c’est plutôt bien ! » ».
Propos recueillis par Marie-Gaëlle Van Snick | Fancofolies de Spa le 13 juillet 2019
Patrick est un homme que j’aime
Son dernier est un bijoux…
Merci