Écrire une BD grand public qui réveille les consciences et milite pour la transition écologique, tel était l’objectif poursuivi par Fabien Rodhain lorsqu’il a créé la saga « Les Seigneurs de la terre ».  Préfacé par les plus grands : de Pierre Rabhi à Yann Arthus-Bertrand en passant par Vandana Shiva, il présente aujourd’hui Au Nom du vivant, le 4e tome.  Une occasion de revenir sur les raisons de son engagement écologique et citoyen.

Résumé :
Installé en Inde, Florian crée un blog dans lequel il rend compte de la situation agricole du pays et des alternatives dont pourrait s’inspirer l’Europe. Il découvre la réactivité saisissante d’internet, un nouveau mode de communication qui lui permet de propager la bonne parole rapidement. Et les premiers échos sont plutôt favorables ! Mais par ses prises de position, Florian se met aussi à dos les multinationales qu’il critique et leurs alliés. Très vite, il est rattrapé par la réalité économique… et envoyé en prison à l’issue d’une manifestation !

 

 

 

Rencontre :

Vous êtes un militant écologique convaincu depuis plusieurs années. Pour faire passer vos messages, vous multiplier les différents médiums :  essais, romans initiatiques, pièce de théâtre et maintenant, la  BD… pourquoi avoir choisi la bande dessinée ?

J’ai commencé à écrire avec l’intime conviction qu’on devrait enseigner à tous les citoyens la coopération plutôt que la compétition. Dans un premier temps, j’ai voulu transmettre ma préoccupation écologique montante par des romans puis par une pièce de théâtre : Des semences et des hommes. C’était un réel succès, on a joué dans beaucoup de théâtres et souvent devant un public convaincu. Alors, j’ai eu envie de m’adresser au grand public. Je suis un véritable amoureux de la BD et j’ai toujours rêvé d’écrire une grande saga qui reprendrait les codes de la bande dessinée traditionnelle.

Quelle était votre l’ambition lorsque vous avez créé la saga Les Seigneurs de la terre ?

Je suis allé voir Jacques Glénat lui-même, je lui ai proposé mon projet : une saga familiale qui se passerait dans le monde agricole avec l’idée de l’engagement à la fois écologique et humain. Aujourd’hui, il existe beaucoup de BD engagées sur le thème agricole mais bien souvent, elles ne touchent qu’une petite communauté de lecteurs déjà sensibilisés. Et à côté de ça, il existe de plein de grandes sagas de la bande dessinée qui n’ont pas de propos social, mon ambition était de réunir les deux.

Il y a quelques années vous disiez : « la croissance ce n’est pas vraiment la solution, c’est plutôt le problème ». Êtes-vous toujours d’accord avec ces propos ?

Je dirais que ce qui me pose problème, c’est la croissance du plus. Si on parle de croissance du mieux, je suis tout à fait pour ! Le souci c’est la prépondérance du matérialisme, de la possession, de l’argent, de toutes les choses dont on perçoit aujourd’hui les imites. Elles sont d’ailleurs très claires ces limites : si toute la population mondiale vivait à notre rythme, il faudrait plus de trois planètes pour que cela soit possible. Bien évidemment, on ne les a pas. On ne peut donc pas continuer à se servir comme des sauvages des ressources naturelles.

 Comment définiriez-vous cette fameuse « croissance du mieux » ?

La croissance du mieux ce serait peut-être de se pencher davantage sur l’être plutôt que sur l’avoir. Je ne suis pas théoricien économique mais je suis persuadé qu’on n’est pas obligé de tourner tel un hamster dans sa cage pour faire tourner le système. Le problème avec la croissance telle qu’elle est aujourd’hui, c’est qu’on est coincé dans un système économique qui s’auto entretien sans avoir de vision, cela n’a aucun sens. Si on était au Bhoutan qui a instauré le BNB, le Bonheur National Brut au lieu du Produit National Brut, je serais d’accord pour parler de croissance.

Au-delà d’une volonté d’agiter les consciences de vos lecteurs, votre saga Les seigneurs de la terre représente-t-elle un projet politique à part entière ?

Ma réponse est simple : je fais de la politique.  Pour moi, écrire c’est participer activement à la vie politique de la cité. Je suis assez critique envers le système actuel, car pour ma part, on ne devrait pas avoir de métiers dits « politiques ». On devrait tous jouer ce rôle et détenir ce titre. D’ailleurs, si on prend la base du terme démocratie, c’est la gestion de la cité et du pouvoir pour le peuple et par le peuple.  Quand on réfléchit bien, on constate qu’on fait tous de la politique au quotidien comme le dit Pierre Rahbi : « cultiver son jardin est un acte politique ». Si on suit cette logique : écrire est aussi un acte politique que je revendique à mon niveau avec plaisir et fierté.

Fabien Rodhain, Les Seigneurs de la terre : au nom du vivant (tome 4), Glénat
Parution :  août 2018, 13,90€

Elisa Brevet

 

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