Ce qui m’interpelle, c’est ce choix de sujet tout d’abord. Les auditeurs avaient le choix entre 4 sujets, tous, concernant et potentiellement, aux effets conséquents sur notre quotidien et nos lendemains :

 
L’un concerne l’économie et pourrait mettre à mal l’Europe toute entière, non seulement d’un point de vue politique, mais surtout d’un point de vue économique : comment ferait l’Europe si l’un de ses acteurs majeurs bouleverse le rapport à la dette? L’autre, l’écologie mais aussi l’économie : que faire de votre voiture diesel? Comment compenser la flotte pour ceux qui font beaucoup de route? Leurs impacts respectifs sont, sur des échelles similaires, lourds de conséquences. Voire même, et j’ose, aux impacts pondérés par le volume et la quantité, presque à échelles comparables. Sauf si l’on ajoute la dimension émotionnelle qui elle, augmente de façon exponentielle notre considération. Le nerfs de la guerre se trouve là.
Mais revenons à nos moutons. “Après les attentats de Liège, les actes isolés vont-ils se multiplier?” Vous l’aurez deviné, ce genre de questions à un bout de réponse en soi.

1. le terrorisme low-cost ou la stratégie du moustique.


Les pays occidentaux font face à un nouveau type de terrorisme : il demande peu de moyens, d’organisation, de logistique. Ce nouveau genre le rend facilement déclenchable et surtout hyper agile : impossible de le voir venir, impossible de le déceler et de l’anticiper. Il n’est pas attribuable à l’EI uniquement puisqu’il a été bien connu d’autres pays comme notamment les USA. Je trouve qu’ici on a des éléments des recoupement : un individu ayant une revanche à prendre, une arme blanche ou un arsenal facile à acquérir, un lieu symbolique,… Il laisse les victimes et leur environnement dans un désarroi les coupant de toute possibilité de réagir. une sorte de stratégie des milles entailles, épuisante et étourdissante sans pouvoir assommer d’un coup.

2. le marketing du terrorisme

“N’importe quelle publicité est une bonne publicité.” disait Andy Warhol

D’un point de vue marketing, c’est une technique copiée aux entreprises : on surfe sur un fait de société qui fonctionne, déclenche de l’engagement et on se l’approprie. Puis, on utilise des ambassadeurs : les premiers sont recrutés, les autres arrivent tous seuls. Même pas besoin d’une GRH !
L’EI n’a quasi plus rien à faire : son lancement a eu un impact médiatique tellement fort qu’aujourd’hui, il ne fait plus que récolter les effets de cette stratégie d’influence redoutable.
Son image recrute facilement auprès d’une certaine cible, la population a une émotion (négative, mais une émotion quand même), les médias relayent.
Un coup marketing magistral.

3. Il a tout de même fallu que David ait une pierre pour tuer Goliath

Reste à savoir qui est vraiment David…
Ce terrorisme low cost pointe sous notre nez l’idée d’une grande machine lourde difficile à manier, un paquebot aux apparences solides mais dont la direction ne peut être changée aussi rapidement – et surtout qui ne peut accoster n’importe quel port. Ca, c’est pour les services de renseignements et la sûreté de l’Etat. En face, on a une armée d’agents individuels aux accents de “j’ai rien à perdre” et surtout, conscients de la taille de leur ennemi. Un ennemi intérieur que Goliath n’a pas vu venir et contre lequel les mesures habituelles ne fonctionnent pas.

4. La résilience de la démocratie

La démocratie s’arrête là où commence la raison d’état.” De Charles Pasqua

L’état de droit, en l’état actuel, ne permet pas de lutter contre cette forme de terrorisme et c’est le plus grand deuil que nous ayons à faire.
La démagogie est très forte pour intervenir et semer le trouble par des approches sécuritaires (même la généralisation des fichiers S évoquée est inefficace d’un point de vue prévention, alors qu’elle est redoutable pour nos valeurs démocratiques). Mais à priori, tout un chacun sait que le flicage intensif n’apportera pas grand chose de plus constructif que ce qui existe déjà sauf peut-être à cristaller les tensions et haines et à déplacer ainsi le problème (doit-on rappeler que le coupable des attentats de Liège a été radicalisé en prison?).
De plus, ce même discours fait le lit de celui de l’EI. Même Donald Trump s’est heurté à cette difficulté

“La démagogie est à la démocratie ce que la prostitution est à l’amour.” De Georges Elgozy / Le Fictionnaire

Le seul espoir réside, sans vouloir être bisounours, dans une union nationale – car au final Darifa, Soraya, Lucile et Cyril se sont retrouvés du même côté
Découvrez le podcast.
Emission entière à retrouver ici : https://www.rtl.be/belrtl/video/672662.aspx
 
 
 

Le Lab dans votre boite à messages

Le Lab dans votre boite à messages