Le modèle startup on l’aime un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ? Difficile de se faire un avis tellement les sons de cloches sont divers et les constats variés. Entre modèle bankable et folie des grandeurs, le Lab a planché sur la question et vous propose son décryptage.

« La culture startup » tout le monde en parle mais sait-on réellement ce qu’elle signifie ? Inutile d’être bilingue pour comprendre que dans startup le « start » sous-entend une idée de démarrage. Selon Steve Blank, un des pères fondateurs de la Silicon Valley, une startup est une entreprise innovante à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle. Dave McClure, grand investisseur américain fondateur de 500 startups opte pour une autre définition « Une startup est une entreprise qui ne sait pas clairement : 1) Ce qu’est son produit 2) Qui sont ses clients 3) Comment gagner de l’argent ».

Une entreprise pas comme les autres ?

La startup et l’entreprise classique n’ont pas grand-chose en commun. Elles n’ont pas les mêmes dynamiques ni les mêmes objectifs.  Si la startup est appelée « entreprise innovante », elle est considérée comme un « laboratoire » qui explore. Son objectif ? Innover et expérimenter.  De l’autre, l’entreprise au sens classique du terme est une structure faite de process considérés comme efficaces avec un fonctionnement optimal. L’entreprise est organisée pour exécuter et optimiser un business model alors qu’une startup est organisée pour en créer un.

Parlez-vous startup ?

Vous l’aurez compris, les caractéristiques d’une startup sont : son aspect temporaire, la recherche d’un business model industrialisable et reproductible. Jusqu’ici tout le monde suit, mais inutile de vous dire que cela peut très vite se corser…  Elle doit être scalable : plus elle détient de clients, plus elle rapport et plus les marges sont grandes. La scalabilité est fondamentale : ce qui caractérise la startup ce n’est pas tellement ce qu’on imagine…  Alors oui, vous pouvez arborer le dernier modèle en édition limitée de Stan Smith, être le roi du baby-foot de l’open space, si vous n’êtes pas exponentiel rapidement, votre coolitude et la déco de la salle de pause ne vous aiderons pas.

L’envers du décor : le côté obscur des startups

En écrivant « Startup, arrêtons la mascarade », les deux auteurs Nicolas Menet et Benjamin Zimmer dénoncent les systèmes de financement et d’accompagnement actuels des startups.  Dans un entretien pour le magazine Capital, Nicolas Menet explique que la mascarade des startups commence avec l’argent qui circule depuis la crise de 2008. Il explique que les gens ont toujours besoin d’investir or, les placements bancaires ne sont plus aussi rentables et intéressants qu’auparavant. Les startups deviennent un « véhicule financier » et permettent aux investisseurs de bénéficiers d’abattements fiscaux indéniables. Il y a également l’effet de mode et l’évolution numérique qui a contribué à donner un accès plus simple à l’entrepreneuriat.

Le problème selon Nicolas Menet, c’est que nous ne sommes pas tous programmés pour être chef d’entreprise.  L’homme ne se place pas comme anti startup, il milite pour une meilleure sélection quant à la qualité des projets et entrepreneurs qui sont accompagnés et propose une planification des besoins pour que la société tire réellement parti de ces dernières.

Turn-over à gogo

Les livres qui dénoncent le côté obscur des startups ne manquent pas : loin du côté paillette et fantasmatique, ils dépeignent une réalité bien moins évidente. Dans son livre « Bienvenue dans le nouveau monde. Comment j’ai survécu à la coolitude des start-up » Mathilde Ramadier explique son aventure au pays des startupeurs berlinois : « Ce qui me glace c’est cette fracture entre le langage utilisé, la gestion automatisée des RG et la misère humaine qu’ils recouvrent ». Elle n’hésite pas à parler du turn-over et du manque de stabilité professionnelle : ni embauche, ni contrait à la clé.  D’ailleurs, sa mission la plus longue a duré 6 mois.

Depuis ces deux dernières années, les témoignages de désillusions autour du modèle startup ne manquent pas. Si la startup comme fin en soi nous promet un avenir dénué d’efficacité aussi bien en terme humain qu’économique.  Financièrement encadrée et mise au service de la collectivité, elle peut s’avérer un des meilleurs outils en termes d’innovation.

Elisa Brevet

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