apathie (n.f)

(bas latin apathia, du grec apatheia) . Indolence ou indifférence de quelqu’un poussée jusqu’à l’insensibilité complète ; nonchalance, inertie.

source : l’Echo
“Le succès appartient aux apathiques” disait Gustave Flaubert. Notre actualité à l’art de se suivre sans se ressembler et pourtant sans même avoir le mérite de nous surprendre. “On voudrait créer un média positif, ouvert et instructif” m’annonce Joan Condijts, tout pétri d’optimisme et de philanthropie qu’il est. Déjà ex-rédacteur en chef de l’Echo et futur patron d’une nouvelle chaîne d’info 24h/24 100% belge, il envoie sa flèche en plein dans le mille. Car nous avons pris une très mauvaise habitude : celle de nous extasier sur la catastrophe. Cela nous conforte dans notre sombre construction du monde : le chercheur Per Espen Stoknes (Le Monde) appelle ça “la fatigue de l’apocalypse”. Ou la lucide histoire de l’apathie certes sélective : celle où l’Arabie Saoudite est montrée du doigt pour le meurtre certes barbare d’un journaliste opposant plutôt que pour les 12 à 13 millions de civils menacés au Yemen et ce dans un silence assourdissant. Drôle aussi, cette tiédeur lorsqu’il s’agit d’imaginer une sanction-transfert contre le pays de l’or noir, que ce soit en Europe (la France continuera à vendre des armes…contrairement à l’Allemagne) ou aux USA. Donald Trump, que l’on connaît pour son sens de la demi-mesure (sic) s’est fendu d’un tiède “c’est pas bien ça ! ma maman (comprenez, le Congrès) ne veut plus que vous veniez à la maison !”
L’histoire de l’apathie, c’est aussi celle de l’ouïe sélective, où l’on efface de l’ardoise sa proximité avec les Frères Musulmans, ennemis du pouvoir saoudien, où tout d’un coup Erdogan devient professionnel du soap opéra et s’indigne du sort des journalistes. C’est un peu comme si Zara s’indignait de la fast fashion.

source : Good Goods
A propos de fast fashion, l’apathie verte, vous connaissez? La fabrication d’un jean requiert 11 000 litres d’eau (Unesco), 25 litres de pétrole et 2kg d’équivalent CO2 (Ademe). En lisant ces chiffres, j’ai couru faire un recensement du dénim afin d’évacuer mon déni. J’ai dénombré 11 jeans dans mon armoire, dont 8 non portés depuis 8 mois. J’ai eu deux options : écouter Jacques Chirac lorsqu’il dit que la statistique est la 3ème forme de mensonge ou prendre un engagement concret avec moi-même. De toutes façons, de conception méditerranéenne, je n’ai jamais eu la morphologie idéale pour le jeans – et voilà comment je relie une motivation individuelle à un intérêt collectif.
C’est ainsi qu’à Bruxelles, nous avons appelé la vague verte à s’installer et je vais presque jeter un pavé dans la mare : peu importe ce qu’ils proposent, si de près ou de loin ils ont quelque chose à proposer, à notre échelle, contre les 6 millions de morts causés la pollution atmosphérique recensés dans l’apathie générale, on prend. En économie, on appelle ça le coût d’opportunité : celui de renoncer à quelque chose que nous connaissons dans l’espoir d’obtenir davantage sur un autre plan. Une vue et une ouïe optimiste, celle que développe Steven Pinker (L’Echo) lorsqu’il annonce que oui, la terre se portera mieux, que non, la démocratie libérale n’est pas morte et que double oui, le populisme finira par disparaître, nonobstant l’hystérie (soit le contraire de l’apathie) à l’encontre des mouvements migratoires aujourd’hui dans le monde.
Je fais un rapide calcul du coût d’opportunité de cette philosophie – faites toujours attention à ce que vous espérez, car sur un coup de dés de l’univers, il est possible que cela se réalise. Alors, je prends l’optimisme de Pinker car comme le dit Jung: “Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement.” Amen.

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