Sandrine Roudaut a passé une grande partie de sa vie au sein des agences publicitaires parisiennes.  En 2001, elle décide de switcher de carrière. Auteure du livre « Utopie mode d’emploi » elle cherche à comprendre les freins psychologiques et culturels à l’émergence d’un monde meilleur.

« Souvent j’ai mal au monde, surtout depuis que je suis maman, mal de lire qu’en Chine, certains enfants ne savent pas que le ciel est bleu, il est gris : gris des pollutions de nos usines, de nos smartphones, de nos tee-shirts. Mais comment accepter que pour un tee-shirt, il y ait de la souffrance humaine ? ».  Tels sont les premiers mots du Ted Talk de Sandrine Roudaut qui a fait le tour du monde en à peine quelques jours. Sandrine le reconnaît, notre époque est tragique : pollution partout, à tous les niveaux, finitude des ressources, triomphe des lobbys. Mais pour elle, « l’époque est également sublime », car partout dans le monde, des initiatives émergent, des tentatives, des explorations pour créer un avenir meilleur.

« L’humanité avance à coups d’utopie »

Sandrine Roudaut est une semeuse d’utopies, après une année à documenter tous les secteurs des sciences humaines pour rendre le monde meilleur, une seule solution s’est imposée à elle : l’utopie. Et des leviers, il en existe beaucoup. Selon elle, l’utopie ce n’est pas l’irréalisable, c’est l’irréalisé. L’étymologie du mot utopie signifie : qui n’a pas de lieu ce n’est donc pas quelque chose de chimérique.

La chercheuse pointe du doigt plusieurs exemples portés « par des minorités désobéissantes, jamais par les élites ou la majorité : le droit de vote des femmes, l’abolition de l’esclavage, la fin de la ségrégation… ». Hier, toutes ces causes qui étaient défendues étaient finalement des « utopies » pour la société de l’époque. Et pourtant, ces minorités ont pu rendre possible l’impossible.

« L’utopie comme pensée créative »

Aujourd’hui, la chercheuse cite les écolos, les lanceurs d’alertes, les femmes… comme des utopistes minoritaires qui vont à l’encontre de l’ordre établi. Ils sont tous avant tout menés par leur for intérieur et leurs valeurs. L’utopie serait alors cette pensée créative qui permettrait de s’autoriser à imaginer autre chose. Elle permettrait d’innover, de modifier notre comportement, une expérimentation radicale où le faire devient la condition première de l’être.

« Une bonne utopie, c’est quelque chose d’irréalisable dans le système actuel de pensées habituelles »

Dans son Ted Talk, Sandrine Roudaut prône un nouveau modèle de société où notre mode de vie ne nuirait à personne. Dans son cheminement de pensée, pour parvenir à changer les choses on doit alors donc sortir du cadre et casser les règles du jeu. Elle prend l’exemple de la société Interface : cette dernière récupère des pare-brise cassés pour faire des dalles de moquette et a inventé un nouveau système de pose sans colle, inspirée des geckos (reptiles qui adhèrent aux murs). En faisant cela, dit-elle « Interface a su exploser toutes les frontières de leur métier et aujourd’hui, ils ont éradiqué 97% de leur impact. Derrière ces résultats, il y a un homme qui n’a jamais rien lâché sur son utopie ».

Parce que cet article c’est inspiré de la pensée de Sandrine Roudaut, nous terminerons par l’une de ses citations favorites de Jean Paul Sartre « Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation » : lorsque le pire nous accule, les hommes se réveillent.

Elisa Brevet

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